Bernard – La démolition de Jean Bouin, 12 août 2010
Chaque Ami vous fait partager le moment qu’il le plus aimé, le plus apprécié, le moment qui l’a le plus marqué du Stade Français Paris.
Bernard nous fait partager son moment fort.
Bernard A. : Ces lignes que j’avais rédigées pour le Bord de Touche 155 du 5 mars 2011 gardent toute leur acuité et le souvenir de la tribune E m’est toujours présent.
En août 2010, aux environs de midi d’une journée ensoleillée, je me trouvais aux abords du stade Jean Bouin ou plus exactement de ce qu’il en restait.
Des grues, des bulldozers, le stade était rasé. Titillé par la curiosité, je m’approchais et pénétrais sur un champ de ruines. Mais quelle ne fût pas ma surprise, mon émotion ! Tout était détruit, tout avait disparu. Seule était encore debout la tribune « Parc des Princes », comme déposée au pied du Parc sur un océan de gravats. Moment fort d’émotion intense. J’étais ému.
De l’ensemble du stade Jean-Bouin, il ne restait plus que la tribune où j’avais vibré avec mes amis pendant de si longues saisons, de laquelle j’avais supporté avec bien d’autres fidèles nos Stadistes préférés pendant tant d’années. Tout un symbole pour moi, la Tribune E avait survécu.
J’ai soutenu le projet de rénovation, j’ai bien sûr appris que la démolition avait débuté mais voir mon « Ancien Jean Bouin » dans cet état après 16 ans de fréquentation, le voir dans cet état me fît un peu mal au cœur. J’y allais de ma petite larme. On casse ton jouet, tu te demandes bien quand est-ce que tu en auras un autre ?
Le stade Jean Bouin est détruit, a disparu, j’en suis témoin. Devant un tel paysage de désolation comme après un tremblement de terre, j’en ai fait le tour, abasourdi et groggy. Plus de points de repères, seulement le temps de capter quelques clichés, comme pour témoigner que Jean Bouin est bien « out ». La Tribune « Parc des Princes » trônait là encore remplie d’acclamations. On aurait dit qu’elle m’attendait avant de nous quitter définitivement, qu’elle résistait encore pour un temps et dans quelques jours tout serait fini !
À ce moment, la Tribune E reprenait vie, une foule de joyeux souvenirs m’assaillait.
Que de moments heureux y avons-nous vécus ! Instantanément, en priorité, me revenaient trois facettes. Séquence nostalgie.
Les adieux de Diégo, le 26 juin 2004. Le maestro, le génial Diégo. Des T-shirts « n°10 » avait été distribués au peuple de Jean Bouin et notamment aux amis de la Tribune E lui faisant une ovation. Depuis, mon tee shirt « n°10 » a traversé l’Atlantique et fait le bonheur d’une jeune Cubaine.
Dans la Tribune E, une petite communauté, un petit clan, bien organisé a toujours privilégié la convivialité et développé la meilleure des ambiances, perpétuant la tradition « Fêter au champagne le premier et le dernier match d’une saison donnée ». Boire un « calva », fumer un cigare en toute amitié, en toute convivialité. Je suis à peu près certain que plus jamais je ne retrouverai une telle ambiance aux allures de confrérie et pleine de fraternité.
Je prends finalement conscience d’avoir vu de la Tribune E le plus beau, le plus grand du Stade Français. Nos visiteurs craignaient le Stade. Se déplacer à Paris, venir à Jean Bouin pour les autres Clubs était à la limite du supplice.
Dernier souvenir de Jean Bouin, non pas en Tribune E, mais dans les vestiaires côté « Présidentielle ». J’ai été une fois invité à participer au toss d’avant-match pour une rencontre face à Bourgoin. Le corps arbitral au grand complet (dont Joël Judge), les capitaines (Auradou pour le Stade) et les entraîneurs (Fabien). Moment privilégié, j’en conviens.
La séquence nostalgie s’achève. Dans quelques jours, la Tribune E aura sombré, rejoint les abysses et disparu à tout jamais. Tout sera parti, mais les souvenirs resteront bien au chaud au fond de nos cœurs, des milliers de souvenirs heureux.
Le « stade Jean Bouin » est mort, « Vive Jean Bouin » et surtout vivement le « Nouveau ».